L'aube du christianisme en Arménie

Auteur: Babken Catholicos Gulesserian (1868-1936)

Babken Catholicos Gulesserian

Les origines du Christianisme en Arménie sont dépeintes de belles histoires.
D’abord, en scrutant l'Évangile de Jean 12: 20-23, nous remarquons que parmi les païens qui se présentaient au Christ par l’entremise de l'apôtre Philippe, on y trouvait aussi des Arméniens. Ces vers sont aussi reliés aux légendes du roi Abgar, puisque dans le temps des Abgars, les rois d’Osroène étaient aussi considérés les rois du sud de l’Arménie. D’ailleurs, il est très probable que des Arméniens aient fait la connaissance de Jésus-Christ avant la dispersion des Apôtres!
Deuxièmement, selon Tertullian, l'un des pères de l'église latine, le mot « Juifs » aurait dû être transcrit comme « Arméniens » dans Actes 2: 8-11. Ceci est cohérent avec l’histoire, puisque comme au Moyen-Orient, il y avait aussi des communautés juives en Arménie qui ont été progressivement assimilés.
Selon Movses Khorenatsi, la Famille Bagradit, qui a régné sur l’Arménie de la fin du 9ème siècle au milieu du 11ème siècle, est issue de racines juives. Si des pèlerins des communautés juives d'Asie Mineure et de Mésopotamie se déplaçaient vers Jérusalem à Pâques, pourquoi n’y aurait-il aussi pas des Arméniens ou des juifs d’Arménie?
Troisièmement, la prédication apostolique est un élément important de l’origine de l’église Arménienne. Les églises établies à partir du premier siècle du christianisme ont traditionnellement reconnu tel ou tel apôtre comme leur fondateur. Pour les Arméniens, ceux sont les Thaddée et Barthélemy (Nathaniel?), deux des Apôtres de Jésus-Christ, et deux autres.
Thaddée est comparé à Addai, une des figures importantes du récit d’Abgar. Cependant, les critiques les plus récents et rigoureux affirment que ce récit n’est pas historiquement exact. Bien sûr, cette critique historique est dans ses droits, car il ne réfute non pas la tradition, mais bien la valeur historique qui lui a été accordée. Heinrich Gelzer, en faisant allusion à ce récit, dit : « Il n’y a aucun doute que l’histoire pour les Arméniens à propos de Thadée est plus vieille que la tradition écrite du roi Abgar.
Selon Pawstos Buzand, qui a écrit son livre d’histoire en grec au 4ième siècle, la venue de Thaddée en Arménie est véritablement fondée et historiquement conforme.
La prédication de Barthélémy chez les Arméniens est aussi ancienne et populaire que la tradition historique de l’apôtre Thaddée. Selon la tradition, le monastère d’Artaz est bâti sur la tombe de l’âpôtre Thaddée, et se nomme le siège de Thaddée. On omet la mention des visites des autres apôtres à l’Arménie, qui ont déjà été discutés par les écrivains du Moyen-âge.
L’Évangile est prêché en Arménie depuis le temps des apôtres, lorsque notre Seigneur a commandé : « Allez donc et faites de tous les peuples mes apprentis. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Apprenez-leur tous les commandements que je vous ai donné. Et ainsi je vais toujours être avec vous, jusqu’à la fin de notre monde ». - Matthieu 28. 19-20