PÉNITENCE*

En arménien le mot « apachekharel » (pénitence) est une combinaison de deux composants : le verbe  « achekharel » qui signifie « pleurer », « regretter », « déplorer » une erreur, une transgression, un dommage, et le préfixe « apa ». Ensemble cela signifie « pleurer », « se repentir », «regretter » un péché commis.

 

L’être humain est peccable. Bien que le sacrement du baptême et de la confirmation nous permette d’expier nos péchés en nous rendant enfants de Dieu, l’être humain continue souvent de pécher même après avoir entériné l’adoption de Dieu. Et lorsqu’il se rend compte de ses péchés, qu’il les regrette et commence à pleurer, c’est là que la repentance et la pénitence commencent à purifier l’être humain et à restaurer l’adoption de Dieu. Ce changement dans la vie spirituelle de l’homme est bien un sacrement.

 

Ici, certains d’entre vous peuvent en conclure que le sacrement de pénitence encourage donc le péché, mais vous aurez tort. Le principe de la religion chrétienne consiste à maintenir vivante la Grâce et l’onction divine dans l’âme et l’esprit. Lorsqu’ en dépit de ses efforts sincères ,une personne chrétienne commet un péché et comprend que ce péché entache son image chrétienne, qu’elle confesse ses péchés dans son âme et devant Dieu et qu’elle se repentit, c’est-à-dire qu’elle fait pénitence, c’est là qu’elle est pardonnée. Mais si la personne commet des péchés de façon délibérée, ayant en vue que la pénitence peut lui donner une absolution, elle abuse de sa vie spirituelle, or l’abus est déjà bien un péché.

 

Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Sa miséricorde est infinie et illimitée. Mais ceci n’est pas une excuse pour la personne chrétienne de mal interpréter la signification de la miséricorde de Dieu. Au contraire, le chrétien a l’obligation de rester vigilant et d’être prêt à parer tout accident ou toute tentation pour éviter la séduction des charmes du péché.

  

Par conséquent, le pécheur doit :

+Se repentir de tout son cœur pour les péchés commis et se décider à ne plus pécher de façon délibérée.

+Prier avec ferveur et crainte et confesser devant Dieu tous ses péchés et demander pardon, car la patience et la bonté de Dieu aident le pécheur à faire pénitence et à devenir juste.

+Se rappeler que c’est le sang du Christ qui l’a sauvé et qu’il a l’obligation de suivre la vie innocente de son Sauveur.

 

La prière est un moyen pratique contre les péchés. Il est difficile de commettre un péché de façon délibérée pour celui qui prie vraiment.

 

Lorsque le chrétien reconnaît et accepte sa transgression devant sa conscience, c’est aussi devant son Dieu et son Église qu’il confesse son péché. La pénitence vient juste après la confession.

 

Alors, la confession se fait tout d’abord dans la conscience de la personne, et la confession, donc, est à la base de la pénitence : on ne peut pas faire pénitence sans faire la confession.

  

Notre Église reste fidèle aux canons de l’Église chrétienne antique : jeûne, prière, confession publique, repentance, actes et obligations vertueux et philanthropiques, etc.

 

Pendant les jours de repentance, les psaumes et les prières, les hymnes et les lectures ainsi que la confession publique ont un tel arrangement et une telle conception qu’il est difficile de résister à leur influence et d’éviter la repentance.

 

Ces outils et les rites extérieurs contribuent à la réalisation du sacrement de repentance. L’église constitue une union intégrale de tous ses adhérents qui sont unis non seulement par les différentes relations et les liens, mais ils sont surtout devenus des frères et des sœurs en vertu de leur statut de baptisés. Donc, les bons ou les mauvais comportements de l’un d’entre eux peut avoir une influence positive ou négative sur toute l’Église. C’est pourquoi la confession publique, en tant que précondition pour construire l’Église, jaillit du peuple même, qui est l’Église.

 

Certains disent qu’il n’y a pas de nécessité pour faire la confession dans l’Église surtout devant les prêtres ignorants et indignes. Cette opinion est entièrement sans base, car lorsque les gens se présentent devant le juge pour défendre leur innocence et leurs droits, ils ne se soucient pas de la culpabilité ou des vertus des juges. De même, tous ceux qui pensent qu’ils sont justes, alors que tous les autres ont tort, ou bien, qu’ils sont dignes et que tous les autres sont indignes, doivent se rappeler la parabole du Pharisien et du publicain (Luc 18(9-14). Si seulement tout religieux était un saint! Ici, il ne s’agit pas des mérites des ecclésiastiques, mais de l’obligation de chaque chrétien de se juger d’abord soi-même avant de juger les autres. Il faut faire attention aux remarques de l’apôtre si on veut en savoir davantage sur le fait de se juger les uns les autres (Rom., 14). L’Évangile offre bien une solution à ce dilemme lorsque notre Seigneur dit : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Faites ce qu’ils vous disent et observez-les. Mais n’agissez pas d’après leurs actes...» (Matt. 23:2-3).

 

Si quelqu’un croit être plus saint et plus digne que son pasteur spirituel, il doit tout de même s’humilier devant lui avec toute sa sainteté et la dignité prétendues car ce n’est que l’ecclésiastique qui a la fonction d’écouter la confession des fidèles au nom de Dieu et de l’Église.

  

Que nous soyons séculiers ou religieux, c’est notre obligation à tous de faire des efforts pour nous présenter purs devant Dieu et notre conscience, pour respecter l’ordre et les canons de notre Sainte Église avec amour et un cœur large, et pour travailler efficacement sur la discipline et la prospérité de celle-ci sans paresse et sans nous soucier seulement des besoins individuels.

  

Malheureusement, non seulement certaines personnes ignorent l’importance de la confession et de la pénitence ni ne se rendent compte de la nécessité de ces sacrements dans leur vie, mais il y a aussi ceux qui les considèrent comme quelque chose de formel, et par conséquent, de superflu.

 

*Cette explication rédigée par le site Web est extraite du livre « Chrétien » du Catholicos de la Grande Maison de Cilicie Babken I Gulesserian. (4e édition, Antélias 1971)