SACREMENT DU BAPTÊME VIVIFIANT
Le mot baptême en Arménien signifie lavage et nettoyage, mais dans le sens religieux cela indique la cérémonie d’ablution par laquelle celui qui se fait baptiser est nettoyé ou purifié de son péché autrement appelé le péché originel par les théologiens. Le baptême est également appelé une nouvelle naissance parce que celui qui se fait baptiser se purifie des péchés et naît de nouveau des fonts baptismaux. Par cette nouvelle naissance spirituelle, la personne baptisée devient un nouveau membre de l'Église du Christ.
La Bible nous informe qu’Adam n’a pas suivi l’ordre divin pendant sa présence dans le Paradis. Cette transgression ou la désobéissance à l’ordre est appelée par les théologiens "le premier péché (originel) qu’Adam transmet à tous de génération en génération".
Voici ce que Grégoire de Tatev dit à ce propos : « Le péché d'Adam c'est qu'il a perdu la justice a accouché ses enfants dans le péché, conçus par le désir. Ça c'est le péché originel qui ne s’expie pas sans se faire baptiser par la mort du Christ ».
Le baptême est un préalable nécessaire pour devenir chrétien. Pour se rendre compte de son importance, il faut savoir que notre Seigneur lui-même s’est fait baptiser par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain (Matthieu 3:13-17, Marc 1:9-11, Luc 3:2-22, 4:1). Ensuite, lorsque Jésus a envoyé ses disciples prêcher, il leur a ordonné : « Allez, faites de toutes les nations mes disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».
Jésus Christ était un homme parfait, c’est-à-dire, sans péché. Autrement dit, rien de ce qui est humain n'est étranger à notre Seigneur, rien sauf le péché. Mais tout de même, il s’est fait baptiser pour montrer à l’humanité pécheresse la nécessité du baptême en tant que préalable pour la naissance nouvelle ou spirituelle.
Dans le chapitre 3 de sa lettre à Tite, l'Apôtre Saint Paul dit : « Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, indociles, égarés, esclaves de toutes sortes de convoitises et de jouissances, vivant dans la malignité et l'envie, dignes de haine, et nous haïssant les uns les autres. Mais lorsque Dieu notre Sauveur a fait paraître sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, par le bain de la régénération de baptême et en nous renouvelant par le Saint-Esprit ».
Et le chapitre 3 de l’Évangile selon Jean décrit la rencontre d’un Pharisien nommé Nicodème avec Jésus qui lui dit que nul, s'il ne naît de nouveau, c’est-à-dire, sans se faire baptiser, ne peut voir le royaume de Dieu, parce que nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu, car ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Et en recourant au vent comme exemple, il explique le sacrement de la naissance spirituelle : « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix ; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né de l’Esprit ».
La foi est la précondition pour le baptême. Celui qui veut se faire baptiser doit croire à la Sainte Trinité car, comme nous l’avons déjà mentionné, Jésus dit : « Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Et aussi, « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé et celui qui refusera de croire sera condamné » (Marc 16:16).
Par conséquent, la personne qui se fait baptiser doit être quelqu’un de raisonnable pour qu’elle soit sûre de connaître la foi et la Très Sainte Trinité et pour qu’elle participe au baptême avec la connaissance des choses et soit sauvée grâce à sa foi.
Mais pourquoi alors baptisons-nous les tous petits qui ne connaissent pratiquement rien ? La raison est simple : les parents ont l’obligation de prendre soin à la fois des besoins physiques et spirituels de leur progéniture. Les pères et les mères prennent le soin de nourrir et d’habiller leurs enfants, ils les envoient à l’école, leur apprennent la langue maternelle, leur transmettent les sentiments nationaux, etc., et il leur est bien naturel d’éduquer leurs enfants dans l’esprit de leur religion. C’est pourquoi les parents font baptiser leurs enfants pour qu’ils grandissent dans l’ambiance religieuse et nationale ainsi que dans la foi de leurs prédécesseurs.
Une autre question se pose souvent : n’est-il pas plus logique d’attendre jusqu’à ce que les petits deviennent plus grands et qu’ils se fassent baptiser lorsqu’ils seront plus raisonnables ? Ceci est une question très discutable. Quel est le meilleur âge pour comprendre les vérités et les sacrements religieux ? Un père et une mère attendent-ils que leur enfant atteigne un certain âge et ait une certaine connaissance pour l'envoyer à l'école ou pour déterminer sa nationalité ? Ceci n’est pas naturel et est contraire à la raison. Les parents, d'une manière très naturelle, élèvent leurs enfants en fonction de leurs conditions de vie, ainsi que de leur nationalité et de leur religion.
Par conséquent, les baptistes ont tort. Lorsque Jésus Christ a ordonné à ses disciples d’aller baptiser tous les païens, il n’a pas fait de distinction d'âge. Le livre des Actes des Apôtres nous indique des exemples de baptême auquel participaient des familles entières y compris les petits.
Il suffit de se faire baptiser pour devenir chrétien à condition d’avancer dans la foi orthodoxe et de maintenir une manière de vie chaste en restant dans la Grâce, car c’est grâce à la bonne foi et à la vie chaste de ceux qui sont baptisés que l’Église s’illumine davantage et que le christianisme se glorifie. L’objectif du baptême est de purifier les gens et de les rendre des fils de Dieu par l’adhésion à l’Église chrétienne.
Le baptême dans notre Église se fait à travers l’ablution et par un serviteur ecclésiastique ayant le degré de prêtre. La personne qui doit se faire baptiser vient avec son parrain. Le prêtre questionne le parrain, prend ensuite « le yerakha » et fait une triple submersion dans l’eau au nom de la Très Sainte Trinité.
Ici, « yerakha » signifie personne non baptisée. Aux premiers siècles de l’Église chrétienne, il y avait une période spéciale de 40 jours avant le baptême pour ceux qui voulaient se faire baptiser pour qu’ils soient préparés à accepter le sacrement saint.
Pendant cette période ils recevaient des connaissances chrétiennes nécessaires et ne se faisaient baptiser que par la suite. Cette période de préparation est appelée « catéchuménat ». De même, tous ceux et celles qui adhèrent aux autres religions mais ont envie de devenir chrétiens, doivent s’y préparer et se faire baptiser après cette période de préparation.
Si la personne est née chrétienne mais n’a pas été baptisée pendant son enfance et est devenue adulte, elle est toujours appelée « yerakha ».
Tout comme il n’y a qu’une seule Église de Jésus Christ (bien qu’elle soit composée de différentes églises chrétiennes), de même, il n’y a qu’un seul baptême. Pour devenir chrétien la personne ne se fait baptiser qu’une seule fois. Autrement dit, le baptême est un sacrement unique. Voici ce que dit l’Apôtre : « Il n'y a qu'un Seigneur, une foi, un baptême» (Éphésiens 4:5). « Ne savez-vous pas que nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême? » (Romains 6:3). Néanmoins, parfois la jalousie et l’ignorance rendent aveugles les serviteurs d’autres églises chrétiennes à tel point qu’ils ne se sentent pas gênés de baptiser une deuxième fois ceux et celles qui sont déjà baptisés. Pour l’Église Apostolique Arménienne l’immobilité des fonts baptismaux symbolise l'inflexibilité du sacrement du baptême selon le catholicos Hovhannès d’Odzun.
Baptisés, non seulement les gens se purifient de leurs péchés et deviennent les fils de Dieu dans la grâce de la vie, mais ils deviennent aussi frères et sœurs une fois nés des mêmes fonts baptismaux sacrés. C’est en vertu du baptême que les sacrements de l’égalité humaine, de la fraternité et de la justice se réalisent dans l’Église chrétienne. Voici ce que Saint Paul dit à ce propos : « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme et ni femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Gal. 3:27-28).
Pour que ceux qui sont baptisés puissent sentir et maintenir la grâce du baptême, ils doivent rester vigilants. Ils doivent sauvegarder la foi vivante et vivre avec conscience. Autrement, l’apathie et l’insouciance peuvent engourdir leur intelligence et leur âme. Les âmes sauvées et purifiées en vertu du baptême restent toujours connectées à leur Sauveur.
Les enfants ne possèdent pas encore le potentiel des adultes et restent entièrement dépendants de leurs parents. Par conséquent, la volonté, la conscience, la foi de leurs parents et leur vie chaste sont un bon exemple et guident les petits. Voilà pourquoi les parents sont bien responsables de l’éducation et du progrès de leurs enfants dans la vie religieuse.
Et quelle est la responsabilité et le rôle du parrain ? Malheureusement, le rôle du parrain est devenu actuellement quelque chose de symbolique, alors qu’à l’origine c’est le parrain qui était l’enseignant de la personne baptisée. Tout comme les parents, le parrain avait même plus de droits sur son filleul. C’est pourquoi le parrain et le filleul devenaient de proches parents spirituels, sans jamais nouer de liens familiaux sauf quelques cas exceptionnels canonisés.
Lors d’un événement officiel, la présentation d’une personne se fait par quelqu’un d’autre : membre de la famille, proche parent ou ami. De même, c’est quelqu’un d’autre qui présente « le yerakha » à l’Église, et c’est bien le parrain.
En ce qui concerne l’enseignement religieux des enfants, actuellement ce sont les parents ou surtout l’école qui s’en occupe car l’enseignement public et l’éducation sont désormais mis sous la surveillance nationale de l’État.
Même si nos écoles arméniennes assument également la responsabilité de l’enseignement religieux, leur niveau d’efficacité laisse malheureusement à désirer, car les programmes d'études des écoles sont remplis de disciplines différentes et laissent une place secondaire à l’enseignement religieux.
Nous essayons de remplir cet écart dans l’enseignement religieux grâce aux écoles du dimanche. Ceci est un problème universel dans le monde chrétien sans être uniquement propre à notre nation.
Un jour par semaine, par exemple, les dimanches, lorsque les enfants n’ont pas de cours à l’école, ils peuvent passer quelques heures à recevoir l’enseignement religieux et cela peut fortement contribuer à leur développement spirituel et progrès religieux. De plus, pour contribuer à l’enseignement religieux de tous ceux et celles qui sont baptisés et les encourager, l’église offre des cérémonies et des rites, ainsi que la parole vivante de Dieu accompagnée de sermons.
La cérémonie divine dans une église bien ordonnée et lumineuse a toujours un effet très efficace sur la vie spirituelle. Il faut que ceux et celles qui sont baptisés restent vigilants et ne ferment pas les yeux sur les exigences de la vie spirituelle. C’est parce que le baptême ne vise pas à purifier les souillures extérieures, mais à tenir le témoignage de conscience éveillé (Pr. lettre de St. Pierre 3:21).
Jésus-Christ, notre Seigneur nous dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19:14 ; Marc 10:14 ; Luc 18:16). Le devoir de notre Église mère consiste à rapprocher nos enfants du Christ en leur donnant un enseignement spirituel basé sur nos traditions arméniennes. Nos écoles du dimanche sont établies auprès de nos églises arméniennes et c’est le devoir et le rôle des parents et des parrains de servir d’enseignants spirituels.
La confirmation est la partie inséparable du baptême. La confirmation signifie marque, et le baptême est aussi autrement appelé "marque de sceau" parce qu’une fois que l’enfant est baptisé avec l’eau, il est aussi marqué du sceau d’onction de myrrhe ou d’huile sainte.
La confirmation est un sacrement d’église et symbolise la grâce du Saint-Esprit. Après le baptême de notre Sauveur, le Saint-Esprit apparut et descendit sur lui sous la forme d’une colombe. La sainte myrrhe symbolise la descente du Saint-Esprit sur ceux et celles qui sont baptisés et qui sont « marqués du sceau » par la foi et le sacrement.
Encore une fois, l’onction donne la garantie d’apprendre et de garder la vérité divine. Les chrétiens qui restent vigilants n’égarent jamais la véritable foi, car la Grâce du Saint-Esprit revêtue en onction dont le chrétien est marqué pendant le baptême est inséparable de lui (Pr. lettre de St. Jean 2:26 ; Lettre de St. Paul aux Ephésiens 1:13, 4:30)
Le Saint-Esprit apparut aussi sous la forme d’une flamme, comme par exemple, pendant la Pentecôte dont l’histoire nous raconte l’apparition sous forme de langues flamboyantes. Le feu symbolise la chasteté. Tout comme toute putréfaction et pourrissement disparaît dans les flammes, ainsi est le Saint-Esprit qui garde dans sa Grâce ceux et celles qui sont baptisés en les sauvegardant de la putréfaction et du pourrissement spirituels.
Comme le baptême et la confirmation sont des préalables obligatoires pour se purifier des péchés et devenir les fils de Dieu, il est également important que les parents arméniens respectent les anciennes traditions de notre Église mère et qu’ils baptisent leurs enfants 8 jours après la naissance sauf en cas de contradiction médicale.
Il n’est pas pardonnable aux parents de laisser leurs enfants sans baptême pendant des mois, voire des années. Les parents, qui sans aucune raison apparente ne se soucient pas du baptême de leurs enfants et laissent le temps passer, sont gravement responsables devant Dieu ainsi que devant leurs enfants qu’ils ont laissés sans soins spirituels.
La myrrhe est un mot grec qui signifie huile fragrante, mais dans notre contexte cela indique l’huile que nous utilisons dans l’église pour confirmer ceux et celles qui sont baptisés et pour oindre les prêtres, les églises et tout objet sacré que l’on trouve dans l’église.
La myrrhe est essentiellement composée d’huile d’olive, mais plus de 40 autres substances (fleurs, racines) y sont ajoutées, dont la plus importante est le baume. En arménien le baumier, sa fleur et l’huile ont une seule appellation de « baume ». Le baumier ou l’arbre de myrrhe produit de l’huile qui se fermente une fois mélangée avec celle d’olive.
Dans l’Église Arménienne, le droit à la préparation et à la bénédiction de la myrrhe est réservé au Catholicos.
*Cette explication rédigée par le site Web est extraite du livre « Catéchisme » du Catholicos de la Grande Maison de Cilicie Babken I Gulesserian. (4e édition, Antélias 1971)